De la cravache au tambourin
18.12.2019 - 09:43 | Christian PossaSimeon Nkahulirwa Batunika avait l’habitude de diriger ses élèves d’une main de fer. Le projet «Participation accrue dans un environnement scolaire non violent» lui a ouvert de nouvelles perspectives – visite d’une école située sur la rive occidentale du lac Victoria.

District de Bukoba, école primaire Karwoshe. Seuls 58 des 478 enfants du district fréquentent une «Preschool», le pendant tanzanien du jardin d’enfants. Les minuscules tables et chaises sont disposées en un large fer à cheval. Au milieu de celui-ci, des élèves dansent en sautillant dans leur uniforme vert et bleu. Simeon Nkahulirwa Batunika donne le rythme en remuant des hanches et en battant des mains.
Ouvrir les yeux
L’institutrice intègre régulièrement des activités telles qu’une chanson, une danse ou un jeu à son programme afin de motiver les enfants de 3 à 6 ans. Se retrouver dans une école maternelle représentait un grand changement pour celle qui, depuis huit ans, enseignait à des élèves de sixième année. «Les formations dans le cadre du projet m’ont aidée à adapter mon enseignement aux besoins d’enfants en bas âge.» Simeon Nkahulirwa Batunika n’hésite pas à parler franchement de l’époque où les instituteurs
utilisaient le bâton pour se faire respecter. Elle reconnaît avoir elle-même fait partie des enseignants recourant à la brutalité à l’égard des enfants. Ce projet a changé beaucoup de choses: l’école dispose désormais de directives relatives à la protection de l’enfance et les enseignants ont acquis les connaissances leur permettant d’agir en conséquence. «Je me sens aujourd’hui beaucoup plus proche des enfants, en phase avec eux», assure l’enseignante maternelle. Selon elle, les méthodes pédagogiques participatives présentent encore d’autres avantages: «On constate par exemple beaucoup plus facilement et clairement que les enfants ont compris».
«Je me sens aujourd’hui beaucoup plus proche des enfants, en phase avec eux.»
Simeon Nkahulirwa Batunika – Lehrerin
Du projet à la vie privée
Simeon Nkahulirwa Batunika recourt volontiers aux supports pédagogiques simples qu’elle a appris à fabriquer ellemême dans des ateliers. Un exemple: quand son cours porte sur des chiffres, elle ne se contente pas de les écrire sur le tableau noir, mais demande à des enfants d’en former sur la table à l’aide de capsules à couronne.
De nombreux acquis des formations de l’organisation partenaire locale Voluntary Service Overseas (VSO) lui servent également dans sa vie privée. C’est ainsi qu’elle constate que sa manière de se comporter avec les enfants a aussi radicalement modifié son attitude dans son environnement familial ou avec des voisins. Quand un enfant a par exemple obtenu une mauvaise note et que ses parents lui crient dessus, elle leur conseille de parler d’abord avec lui pour voir ce qui s’était réellement passé. «C’est la seule manière de permettre à l’enfant de tirer des leçons de la situation. »
Le moment est venu de changer d’activité dans la salle de classe de l’école primaire Karwoshe. Les enfants commençaient à s’affaler sur les bancs ou à rêvasser avec les coudes appuyés sur les tables. De dessous son bureau, Simeon Nkahulirwa Batunika tire une grande boîte en carton remplie de balles confectionnées maison et de cordes à sauter tressées. Les enfants adorent ce genre de supports pédagogiques.