Tout changement prend du temps

Amérique central (Salvador, Guatemala et Honduras) 29.04.2019 - 15:37 | Simon Roth

Comment la Fondation Village d’enfants Pestalozzi réagit-elle aux défis dans cette région? Et que faisons-nous différemment par rapport à d’autres organisations? Notre responsable des programmes en Amérique centrale répond à ces questions.

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Gisela Wattendorff, directrice des Programmes Amérique Centrale

Gisela Wattendorff, quels sont les grands thèmes d’actualité en Amérique centrale dans l’année en cours?
Des élections présidentielles sont prévues au Salvador et au Guatemala. Il est possible que cela entraîne des changements aux ministères de l’Éducation. Le cas échéant, des acquis pourraient être remis en cause, ce qui risquerait de retarder nos projets. Nous sommes régulièrement confrontés à ce type de changements. Il y a également la grande question de l’émigration de familles, de jeunes et d’enfants non accompagnés vers les États-Unis.

L’automne dernier, les «caravanes» de migrants constituaient le sujet clé des débats lors des élections américaines de mi-mandat. Dans quelle mesure nos projets sont-ils impactés par ce phénomène?
La situation politique dans nos pays d’intervention doit être analysée continuellement afin d’identifier les enjeux potentiels. Notre stratégie pour les années suivantes en découle. Il y a deux ans, notre dernière grande analyse politique avait notamment mis la migration en évidence parmi les problématiques majeures et confirmait l’orientation stratégique de nos projets. En tant que Fondation, nous restons attentifs à la question de la migration en Amérique centrale et réagissons à cette tendance par exemple à travers nos projets au Honduras.

Que faisons-nous concrètement dans ce pays?
À San Pedro Sula, nous avons été mis en contact avec une organisation qui a réuni des expériences dans le domaine de la réinsertion scolaire d’enfants dans des régions défavorisées. Beaucoup d’entre eux ont vécu des tentatives de migration déjouées. Notre projet aide précisément ces enfants à rattraper les retards scolaires afin d’éviter les redoublages. Les enfants traumatisés peuvent également bénéficier d’un suivi psychologique.

Quels sont les autres sujets d’actualité?
La pauvreté demeure un problème majeur. Au Guatemala par exemple, on constate notamment des déplacements saisonniers de travailleurs vers le Mexique en raison des sécheresses récurrentes. Pendant ce temps, les enfants ne vont pas à l’école. Nous voulons que ce contexte ne les prive pas de leur accès à l’éducation et sommes à la recherche de solutions alternatives. Une planification minutieuse des projets représente de ce fait une part importante de notre travail.

Qu’entendez-vous par «planification minutieuse»?
Avant une coopération, nous élaborons une analyse des besoins avec nos partenaires. Qu’est-ce qui manque sur place? Quels sont les problèmes et les défis? Quelles compétences faut-il développer, quelles ressources mettre à disposition? Nous devons répondre à ce type de questions afin de cerner les besoins. Ce processus s’effectue toujours en étroite collaboration avec nos partenaires locaux.

Comment réussissez-vous à faire passer les idées et les méthodes de la Fondation?
Notre objectif à long terme vise l’intégration des principes relatifs aux droits de l’enfant et à une pédagogie centrée sur ses besoins dans le système éducatif national. Mais cela ne se fait pas du jour au lendemain. C’est pourquoi nous devons collaborer avec des organisations solidement ancrées et qui connaissent les décideurs. Parfois, cela exige du doigté: tenter d’orienter la discussion à travers des questions ciblées et écouter plutôt que d’apporter des solutions apparemment toutes faites peut être plus efficace. Se poser les bonnes questions constitue toujours le point de départ d’un changement.

Que faites-vous lorsque tout ne se passe pas comme prévu?
Nous recherchons le dialogue avec l’organisation partenaire, toujours d’égal à égal. Nous devons nous aussi nous montrer prêts à tirer des enseignements, tout en évitant de répéter des approches qui n’ont pas fonctionné pendant des décennies. Les problèmes devraient toujours être pris à la racine. Nous tenons compte de l’environnement dans sa globalité, parce que c’est la seule manière d’obtenir un changement durable.

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