«Notre système éducatif ressemble à un paquet de nouilles instantanées»

19.12.2019 - 16:58 | Sereina Meienhofer

Sirirat Chaloemthai, surnommée «Koi», est responsable des projets éducatifs en Thaïlande. Son pays a beaucoup changé depuis l’époque où elle-même allait à l’école.

sirirat_chaloemthai_programmverantwortliche_thailand_stiftung_kinderdorf_pestalozzi
Elle coopère avec les organisations partenaires locales dans le cadre de la planification et de la réalisation des projets et est en charge des domaines liés aux droits de l’enfant, à la protection de l’enfance et à l’éducation interculturelle: Sirirat Chaloemthai.

Sirirat Chaloemthai est née à Bangkok. Aujourd’hui âgée de 43 ans, elle vit à Chiang Mai, dans le nord du pays. Même si elle n’avait qu’une soeur plus jeune, Sirirat a grandi dans une famille nombreuse: «Ma grand-mère avait eu sept enfants», explique-t-elle. Quand sa mère rentrait tard du travail, elle allait dîner chez sa tante et passait beaucoup de temps avec sa grand-mère. Sa famille et ses amis la surnomment «Koi». Ce mot qui désigne une carpe en japonais veut dire «petit doigt» en thaïlandais. À 2 ans, elle était encore si petite qu’elle pouvait porter des habits de bébé.

Sirirat était scolarisée dans une école privée pour filles. Elle se souvient pourtant que les garçons ne lui manquaient pas: comme ils étaient nombreux dans son quartier, elle pouvait jouer avec eux après l’école. À l’époque, la pression scolaire était très forte: les filles qui avaient de bons résultats rejoignaient une meilleure classe. De ce fait, la concurrence était vive. «Aujourd’hui, ce n’est fort heureusement plus le cas», constate Sirirat avec soulagement. Par contre, elle trouve que la société est encore très hiérarchisée. Les enfants thaïlandais qui parlent le thaï et représentent la majorité n’ont pas envie de jouer avec des enfants issus de minorités indigènes. C’est ainsi que certains enfants ont honte de leur origine ethnique. Ils ne veulent pas que leurs parents viennent les chercher à l’école dans le costume traditionnel. Cela explique pourquoi certains enfants doivent souvent changer d’école.

Un partenariat d’égal à égal

Après un bachelor en communication et journalisme à Bangkok, Sirirat s’est installée à Chiang Mai où elle a obtenu un master en psychologie et gestion de l’éducation. Elle travaille pour la Fondation Village d’enfants Pestalozzi depuis 2013. Depuis 2018, elle est responsable des projets éducatifs en Thaïlande. Elle coopère d’une part à la planification et à la réalisation des projets et assume d’autre part la responsabilité des domaines liés aux droits de l’enfant, à la protection de l’enfance et à l’éducation interculturelle. Sirirat apprécie beaucoup ce travail pour la Fondation Village d’enfants Pestalozzi. «Un véritable partenariat s’est instauré entre la Fondation et les organisations locales. Les décisions sont toujours prises ensemble.»

«Un véritable partenariat s’est instauré entre la Fondation et les organisations partenaires. Les décisions sont toujours prises ensemble.»

Sirirat Chaloemthai – responsable des projets éducatifs en Thaïlande
Selon Sirirat, le système éducatif thaïlandais a un potentiel d’amélioration: tous les cours sont dispensés dans la langue officielle, alors que la Thaïlande compte 72 minorités ethniques qui ont toutes leur propre langue. La plupart des enseignants ne parlent que le thaï et beaucoup d’enfants n’arrivent pas à suivre à l’école. «Notre système éducatif actuel ressemble à un paquet de nouilles instantanées. Tout le monde reçoit la même chose, alors que les besoins sont individuels.» En écoutant Sirirat, on perçoit nettement sa motivation: elle veut contribuer activement à l’évolution du système éducatif. C’est ce qu’elle peut faire grâce aux projets du Village d’enfants Pestalozzi.

Autres articles de Sereina Meienhofer