Préserver ce qui a fait ses preuves

18.12.2019 - 15:58 | Christian Possa

Le Community Learning Center qui accueille des enfants de l’ethnie Karen a été créé en 2017 à Mae Chan dans l’ouest de la Thaïlande dans le cadre d’un projet visant à améliorer la qualité de l’enseignement pour les minorités ethniques. En plus du programme scolaire officiel, ce centre transmet également des connaissances locales.

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Une dizaine de familles composent la communauté villageoise. La plupart des maisons des Karens sont construites en bambou et démontrent la maîtrise artisanale de cette population montagnarde. L’infrastructure du village est totalement intégrée dans son environnement et semble se fondre dans la jungle. Une philosophie centrale de la population s’exprime ainsi: vivre en harmonie avec la nature. La communauté villageoise trouve presque tout ce dont elle a besoin dans la nature, en l’occurrence dans la forêt. Chaque samedi, entre 35 et 45 enfants de villages voisins viennent au centre pour suivre des cours de botanique, d’agriculture nomade, d’artisanat et de langue du peuple karen.
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La plupart des cours sont donnés par des personnes sans formation d’enseignants, comme Naw Bee Pongmeta par exemple, qui accepte un trajet d’une demi-journée à pied pour transmettre son savoir à la prochaine génération. Dans le cadre des ateliers du projet, elle a découvert diverses méthodes d’enseignement centrées sur l’enfant telles que le TPR (Total Physical Response) qui consiste à associer le langage et le mouvement physique. Ce qu’elle préfère, c’est recourir aux grands livres illustrés dont les contenus émanent de la culture locale. «Je constate que les enfants apprennent plus volontiers de cette manière», explique l’intervenante de 39 ans. «Ils dessinent et apprennent mieux, en établissant même des liens avec l’écriture.»
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Le patriarche du village, Som Hmai Subrangsitkul, est très respecté pour son expérience. Transmettre le savoir ancestral du peuple karen aux prochaines générations est un enjeu qui lui tient à coeur. Dans ce centre de formation, il ne s’agit pas uniquement d’apprendre à lire et à écrire: «Le but est aussi de transmettre des connaissances sur la forêt, l’eau, le soleil, sur l’interaction entre les éléments, sur l’écosystème dans sa globalité. » En collaboration avec l’équipe du projet, la communauté karen a débuté la rédaction d’un livre dédié au savoir local. La vision du patriarche est d’apprendre aux enfants à vivre en harmonie avec la nature. «Le rôle des enseignants consiste à montrer aux enfants comment assimiler et pérenniser ces connaissances.»
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Des cours d’artisanat apprennent aux garçons à tresser des paniers en bambou ou d’autres objets utiles au transport. Alors qu’un débutant a besoin d’une journée entière pour tresser un panier, la personne entraînée en fabriquera trois dans le même temps. L’activité s’effectue en groupe. L’échange social caractérise presque tous les aspects de la vie quotidienne des Karens. En plus du tressage, les garçons apprennent aussi à fabriquer des couteaux. Il s’agit d’un instrument si indispensable aux activités quotidiennes que chaque homme en a toujours un dans sa sacoche.
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Les femmes du village initient les filles à l’art du tissage. Ce travail s’effectue toujours en position assise. Six filles environ peuvent prendre place autour d’un métier à tisser en bambou large de plusieurs mètres. Une grande ceinture enroulée autour de la taille et du bas du dos leur permet de contrôler la tension des fils de chaîne. Les étoffes tissées serviront un jour à fabriquer des fichus ou des costumes traditionnels.
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Prapada a 12 ans. Cette élève de sixième année dans une école primaire placée sous la supervision de la police des frontières, comme c’est fréquemment le cas en Thaïlande, intègre le samedi la classe de 3e niveau du Community Learning Center. Elle a eu de la peine à suivre les cours de l’école publique dans une langue qui lui était étrangère. «Au début, je pensais que je n’arriverais jamais à parler thaï. À présent, je réussis à communiquer avec mes amies et mes amis.» Elle préfère quand même l’enseignement local au village et trouve qu’ici, les enseignants sont très calmes et gentils. Prapada estime avoir beaucoup profité des formations: «Nous faisons des échauffements avant les cours et utilisons toutes sortes de matériel pédagogique, des livres, des photos, etc. De cette manière, j’arrive très bien à comprendre.»

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