Battus, entendus, protégés
Ils éclairent la communauté sur les droits de l’enfant, ils entament des démarches en cas de violation de ces droits et ils contrôlent leur mise en place. S’ils ne datent pas d’hier, les comités de protection de l’enfance apparaissent sous un nouveau jour: à présent, ces commissions connaissent leurs responsabilités et les expriment.

Nyamalimbe se situe dans le district de Geita, au sud du lac Victoria. Le comité local de protection de l’enfance est constitué de sept membres aux parcours bien différents: des enseignantes et des parents y siègent, tout comme des membres du département de la santé ou des instances de représentation communale les plus élevées. Selon ces sept membres, en cinq ans, depuis que la Fondation Village d’enfants Pestalozzi travaille avec 20 écoles du projet en coopération avec l’organisation partenaire locale New Light Children Centre Organisation, beaucoup de choses ont évolué en faveur de la protection de l’enfance.
En quoi le travail mené au travers du projet a-t-il renforcé le comité de protection de l’enfance?
Medard A. Makura: Lorsque nous avons constitué le comité, nous ne connaissions ni les droits de l’enfant ni le concept de protection de l’enfance au sein des communes. Pour ce projet, nous avons suivi une formation ciblée, et nous connaissons à présent notre rôle. Nous connaissons la chaîne de signalement, et nous savons exactement quelles procédures appliquer, par exemple en cas de maltraitance infantile. Aujourd’hui, nous sommes davantage en mesure de catégoriser chaque cas et de prendre des mesures correspondantes.
Quelles sont les missions principales du comité de protection de l’enfance?
Costantine S. Glorliz: Nous enseignons à la communauté les questions liées aux droits de l’enfant. Les informations sont dispensées de différentes manières, par exemple lors de rencontres organisées au niveau communal. Par ailleurs, nous recevons des signalements lors de violation des droits de l’enfant. Lorsque notre mandat nous y autorise, nous entreprenons des démarches adaptées. Mais lorsque les mesures à prendre dépassent nos compétences, nous adressons les rapports concernés à des instances supérieures. Nous menons également un travail de suivi après nos enquêtes.
Pouvez-vous nous donner un exemple?
Sospeter Kalabite: S’il est par exemple question de négligence au sein de la famille, notre but n’est pas de soustraire impérativement et complètement l’enfant à ses parents. Quand nous identifions de tels cas, nous cherchons tout d’abord à discuter avec les parents. Nous leur expliquons l’importance de s’occuper des enfants. Lorsque nous leur montrons quelles dispositions juridiques soutiennent ces obligations, cela renforce leur sentiment de responsabilité. Après quelques temps, nous contrôlons si la situation s’est améliorée, et si les parents ont tenu leur engagement.
«Nous enseignons à la communauté les questions liées aux droits de l’enfant.»
De votre expérience, comment réussissez- vous à induire des changements dans le comportement des parents?
Jonathan M. Mhogorn: Les rencontres directes avec le représentant communal, également président de notre comité, ont porté leurs fruits. Les assemblées communales constituent également d’excellentes plate-formes pour s’informer sur les droits de l’enfant et la protection de l’enfance. Ces événements impliquent une participation, et de ce fait, regroupent de nombreuses personnes. Nous constatons que ces assemblées ont une plus grande portée dans les villages que dans les centres.
Quels changement constatez-vous depuis le lancement du projet en 2016?
Regina J. Salum: En tant qu’enseignante, j’ai le devoir de m’occuper de tous les enfants. Quand je vois qu’un enfant ne va pas bien, je creuse le sujet et j’essaye de connaître la source du problème. Avant, les enfants me répondaient: «Je n’ai pas mangé depuis hier», «J’ai marché tard jusque dans la nuit», ou encore «J’ai été battu par mes parents». Mais aujourd’hui, c’est devenu bien plus rare. Le comité a réussi à réduire massivement de telles situations.
Combien de cas sont rapportés au comité?
Medard A. Makura: Le comité de protection de l’enfance se réunit tous les trois mois. Chaque membre rapporte ensuite combien de signalements pour violation des droits de l’enfant ont été reçus dans son secteur. Chaque trimestre, nous comptons trois à cinq cas.
Quel rôle jouent les Conseils d’enfants instaurés au sein des écoles du projet?
Regina J. Salum: Ils ont une influence extrêmement positive. Le fait que les enfants rapportent désormais eux-mêmes des incidents montre que les enfants des Conseils prennent leur rôle au sérieux, et qu’ils ont transmis leurs connaissances à d’autres écoliers-ières. Ainsi, la majorité des enfants sont informés des droits dont ils disposent.