Ensemble pour faire face à la solitude

29.09.2020 - 17:11 | Christian Possa

En période de crise plus encore que d’habitude, les enfants ont besoin de se faire entendre. La Fondation Village d’enfants Pestalozzi a mis à profit sa radio destinée aux enfants et aux adolescents pour réagir à la pandémie de coronavirus en lançant une émission résiliente qui rassemble les jeunes malgré le confinement.

Neo éprouvait une joie immense à l’idée de participer au projet radio d’une semaine mis en place par le Village d’enfants Pestalozzi. Puis il a fallu confiner le pays et, comme tous les autres organisateurs événementiels, le Village d’enfants a lui aussi dû annuler sa programmation. La déception de Neo était telle que sa mère s’est renseignée auprès de notre équipe radio pour trouver des solutions de rechange. Et nous en avions! Sous le hashtag #powerupverbindet, la radio des jeunes de la Fondation Village d’enfants Pestalozzi a lancé une émission dont l’objectif était de donner une voix aux enfants tels que Neo. «Nous avons utilisé ce lieu de rencontre numérique qu’est la radio pour connecter les jeunes et les adultes durant la crise du coronavirus», explique Cinzia Hänsenberger, Chargée de Projet. Lorsque les gens partagent leurs expériences personnelles pour gérer la crise, la solidarité est perceptible.

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À distance depuis le studio du Village d’enfants, mais bien présents en direct dans le salon de leurs auditeurs quand même: le duo d’animateurs, Selina et Samuel.

Des ados aux séniors

La première émission a été diffusée le 23 mars à 11h. Au début, le programme d’une heure était très structuré : ainsi, il comportait des rubriques de type Musique à la demande, Happy News ou autre Coin des gamers. Pour pouvoir passer au nouveau format, il fallait que la communauté soit plus active.

Il n’a pas fallu attendre longtemps avant que les premiers enfants ne demandent à prendre la parole. Samantha Kuster, Chargée de Projet – Projets Radio, se souvient du fils des voisins de ses parents, qu’elle a encouragé à participer. De nature pourtant très calme, le jeune garçon de 13 ans a maîtrisé l’entretien avec brio. Au cours de la deuxième semaine, il a de lui-même appelé l’émission pour parler de son livre préféré et saluer sa famille ainsi que ses amis. «C’est à ce moment-là que j’ai compris à quel point cette expérience était importante pour son assurance.»

Il y a eu des retrouvailles, par exemple, lorsqu’une jeune fille a appelé pour parler d’un de ses coups-de-coeur littéraires et en a profité pour saluer une amie qui ne vivait plus dans son village ; cette dernière s’est ensuite manifestée. Les personnes âgées aussi ont raconté leur quotidien durant le confinement. Ainsi, Cinzia Hänsenberger a pu avoir en ligne les parents d’une amie qui, âgés de presque 80 ans, ont fortement apprécié la possibilité de rassurer leur entourage et d’embrasser leurs petits-enfants de cette manière. 

L’école se réunit sur les ondes

L’émission #powerupverbindet est née pour répondre à un besoin. Au vu de la propagation si rapide du coronavirus, de nombreux projets ont dû être annulés au Village d’enfants. L’objectif était de continuer, dans la mesure du possible, à créer des liens par le biais d’émissions radio et de programmes d’échange, de susciter un sentiment d’appartenance. «Nous voulions montrer aux enfants et à leurs familles que nous étions là pour eux, qu’ils pouvaient se servir de la radio comme d’une plate-forme d’échange», explique Adrian Strazza, Chargé de Projet – Projets Radio.

Fin mars, Strazza aurait dû mener à bien un projet d’une semaine avec une école primaire de Gais. Même si le projet est tombé à l’eau, il ne voulait pas que le travail fourni en amont par les enfants et les enseignants l’ait été en vain. Ainsi, ce travail de préproduction s’est transformé en une émission d’une journée entière qui laissait beaucoup de place à l’interaction. «Nous sommes donc passés d’un projet sur le terrain avec le plus de rencontres possible à une variante analogue qui respecte les règles de distanciation physique, en se réunissant sur les ondes.» Selon Adrian Strazza, l’émission a été une véritable réussite. Il a notamment été touché par le message de sympathie envoyé par tous les instituteurs de maternelle. «Quelle joie lorsque les enseignants aussi peuvent dire : ‘Nous aimons les enfants et nous sommes impatients que l’école reprenne’»

Reporters mobiles

 Les organisateurs ne voulaient toutefois pas s’en tenir là: #powerupverbindet devait devenir un véritable porte-parole pour toutes les écolières et tous les écoliers. Ainsi, d’anciens participants férus de radio ont été appelés à la rescousse pour devenir les Reporters mobiles. Équipés d’un ordinateur portable et d’un enregistreur, ils réalisent leurs propres billets. Cinq jeunes s’impliquent dans ce projet depuis la troisième semaine de diffusion. Ils se sont vu assigner des interlocuteurs tels que la porte-parole de l’Union suisse des paysans, un maître boulanger ou encore la directrice d’un zoo, qu’ils ont interviewés par téléphone en direct de l’émission.

Neo, le jeune garçon dont il était question au début de l’article, figurait lui aussi sur la liste des potentiels reporters mobiles de Samantha Kuster. Le soir même de son premier passage dans l’émission, il a écrit un e-mail pour demander s’il pouvait réaliser son propre billet la semaine suivante. Selon la Chargée de Projet, cela démontre bien à quel point la radio peut pousser les enfants à être actifs et à défendre leurs opinions. #powerupverbindet a donné à Neo la possibilité de sortir des sentiers battus et de renforcer son assurance. En outre, il a découvert que cela le rendait heureux. Samantha Kuster : «il a relevé le défi avec bravoure et a délivré tout seul un billet d’excellente qualité au sujet du basketball, sa passion.»

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