La passion comme moteur

12.03.2020 - 17:06 | Christian Possa

Teodora n’avait pas encore 14 ans quand la vie a bouleversé ses projets d’avenir. Aujourd’hui, l’adolescente de 16 ans pense que cet événement était précisément le point de départ qui a tout changé pour elle dans le bon sens.

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Elle a trouvé sa vocation auprès de l’organisation partenaire «Group 484»: Teodora, lors d’une présentation à l’université de Bujanovac.

La perspective d’une carrière de basketteuse professionnelle à l’Étoile rouge de Belgrade enthousiasmait Teodora et la dopait. C’était sa chance d’un bel avenir, un moyen de quitter sa ville natale de Bujanovac. Une blessure au genou lors d’un entraînement mit un terme brutal à ces rêves. «J’étais déprimée. Tout s’écroulait et, soudain, j’étais confrontée à un immense néant», se souvient Teodora. C’est alors que le projet intitulé «Compréhension et tolérance interculturelles » de la Fondation Village d’enfants Pestalozzi a démarré dans sa ville. Elle y vit une chance de donner beaucoup plus d’elle-même au monde qu’à travers le basket.

Le changement commence auprès des jeunes

Située dans le sud de la Serbie, la ville de Bujanovac est en retard sur le reste du pays dans presque tous les domaines. Par ailleurs, elle est freinée dans son développement par les clivages entre les différents groupes de population. C’est précisément ici que les organisations partenaires de la Fondation Village d’enfants Pestalozzi interviennent, en rapprochant des élèves issus de communautés serbes, albanaises et roms. «Notre activité demande beaucoup de courage», relève Teodora en évoquant certaines réactions auxquelles elle a été confrontée. «Quand nous traînons ensemble, on se fait traiter de vermines, d’escrocs ou d’espions.» Elle pensait d’abord qu’il n’y avait personne comme elle à Bujanovac. À travers l’organisation «Group 484», elle a ensuite rencontré des personnes qui partagent sa vision et veulent un monde meilleur pour la prochaine génération. Le projet lui a fait prendre conscience que «dès que les gens se rencontrent vraiment, ils constatent à quel point ils sont semblables».

Ne pas perdre l’objectif de vue

Quand Teodora décrit ses propres représentations et idées du futur, elle les articule avec circonspection. Dans la bouche de la jeune fille, des phrases comme «les connaissances nous aident à grandir, parce que l’éducation est notre manière de changer le monde» expriment à la fois une grande maturité et de l’authenticité. Son énergie et son enthousiasme reflètent la vigueur de la nouvelle génération qui veut ébranler les structures sociétales en place. Teodora prévoit d’étudier les relations internationales. Elle veut aussi créer une association d’utilité publique qui soutiendrait les jeunes, et plus particulièrement les filles, dans la réalisation de leurs objectifs professionnels. En tant que femme dans un système patriarcal, elle dit avoir toujours pensé qu’une fille ne pouvait pas faire ceci ou cela. «Je voudrais convaincre les filles et les garçons qu’ils sont tous capables d’atteindre leurs objectifs.»

«Dès que nous nous rencontrons vraiment, on constate à quel point nous sommes tous semblables.»

En repensant aux dernières années, Teodora relève le rôle central de sa participation au projet d’échange interculturel au Village d’enfants Pestalozzi à Trogen. «Cela m’a énormément appris et permis de réaliser ce que je voulais faire de ma vie», se réjouit-elle. Voici ce qu’elle avait répondu à un instituteur de Bujanovac qui l’interrogeait sur son expérience en Suisse: «C’était incroyable. C’est quelque chose que toute personne devrait vivre, parce que, ensuite, on est totalement différent quand on rentre chez soi.»

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