Le soutien de la communauté

16.03.2021 - 08:52 | Christian Possa

Au sein du projet «Une formation de qualité supérieure pour les enfants karens », les bénévoles de la communauté locale jouent un rôle central. Zoom sur des jeunes adultes, telle Na Pang Klew, qui dispensent des cours dans la langue locale en dehors des heures de cours régulières, ou sur des mères telles que Nant Yim Myo Nwe, engagées pour l’éducation à l’environnement.

Les enfants issus de la minorité ethnique des Karens sont dans une situation difficile, confrontés à un parcours éducatif à deux vitesses: un grand nombre d’entre eux ne comprennent pas le birman, langue officielle en cours, ce qui impacte fortement leur scolarité. À cela s’ajoute la formation classique des quelques professeurs en exercice. Depuis 2015, la Fondation Village d’enfants Pestalozzi a formé, en coopération avec l’ONG locale Karuna Mission Social Solidarity (KMSS) des enseignant-e-s à d’autres filières telles que des cours centrés sur l’enfant, l’éducation interculturelle, la langue des Karens, les droits de l’enfant, la protection de l’enfance ou l’éducation environnementale.

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Préserver sa langue et sa culture

Le projet a connu un certain retentissement sur place; à l’origine de ce succès se trouvent des bénévoles issus des communautés locales, engagés corps et âme à sa réussite. Par exemple Na Pang Klew, qui enseigne bénévolement la langue maternelle, les traditions et la culture karens en dehors des heures de cours officielles, et dresse des ponts avec le programme d’enseignement officiel. La jeune femme de 24 ans travaille à ce projet depuis deux ans. Parallèlement à son engagement, elle étudie l’histoire. «Je suis très chanceuse de pouvoir travailler avec des enfants», déclare-t-elle. Son objectif ultime est de décrocher un jour son diplôme d’enseignante. Na Pang Klew dispense des cours aux enfants karens, du jardin d’enfants à la deuxième classe. Elle aime particulièrement intégrer à ses cours des débats illustrés, ou former des petits groupes de discussion. Dans chaque école du projet, deux enseignant- e-s bénévoles s’engagent à intégrer la langue et la culture des Karens. Ils sont soutenus par les comités existants au sein des villages, rassemblés et renforcés par le projet. Ces comités mettent à disposition des enseignants de la nourriture ou des logements, et ces acteurs travaillent ensemble sur des mesures de protection environnementale. Dans les régions rurales du delta de l’Irrawaddy, la protection environnementale est devenue un thème central en raison des catastrophes naturelles récurrentes et de la hausse des déchets produits.

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De fils en mère

Voilà onze ans que Nant Yim Myo Nwe vit avec ses deux fils dans le village de Kyun Gone. Il y a cinq ans, la Fondation Village d’enfants Pestalozzi a commencé son travail sur place. Depuis, la mère de famille de 35 ans oeuvre au sein du comité du village. «Mon travail est d’inciter les gens à participer aux activités de l’école du projet.» Il est notamment question de planter des arbres ou de ramasser les déchets au sein de l’établissement. L’éducation à l’environnement est devenue une préoccupation majeure pour cette mère de famille. Pour cette raison, elle veille donc particulièrement à ce que ces deux fils développent une conscience écologique et qu’ils apprennent par exemple à trier correctement les déchets. Portée par sa soif de connaissances, Nant Yim Myo Nwe aime apprendre de ses fils, scolarisés à l’école du projet. «Je suis très fière que mes fils puissent lire et apprendre dans leur langue maternelle. » Elle-même n’en a jamais eu la chance. Désormais, cette porte lui est ouverte grâce à ses deux fils.

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