L’investissement social est un engagement dans l’avenir des générations futures
24.07.2019 - 16:49 | Andreas B. MüllerQuand on investit, on attend un rendement. Mais celui-ci ne doit pas forcément être pécuniaire. Investir dans des structures sociétales favorise par exemple le développement durable, la cohésion sociale ou renforce l’environnement.

Dans notre monde bruyant, submergé d’informations dénuées de sens, il est réellement vital de réfléchir aux questions urgentes de notre époque. «L’histoire, hélas, ne vous fera aucune fleur», écrit le penseur Yuval Noah Harari, auteur de «Sapiens: une brève histoire de l'humanité» et de «Homo Deus», dans son dernier livre, «21 Leçons pour le XXIe siècle», avant de poursuivre: «Si l’histoire de l’humanité se décide en votre absence, parce que vous êtes trop occupé à nourrir et habiller vos enfants, ni eux ni vous n’échapperont aux conséquences.»
Ce qui signifie: que nous le voulions ou non, l’avenir sera et nous ne pouvons pas l’arrêter. Chacun de nous doit répondre à la question de savoir si et de quelle manière il souhaite participer à la forme qu’il prendra. L’investissement social est l’une des manières de poser des jalons pour l’avenir.
Chaque action laisse des traces
La personne qui s’engage activement en faveur d’un avenir positif est généralement motivée par un sens aigu des responsabilités. Celui-ci émane parfois d’un sentiment de gratitude à l’égard de notre propre situation privilégiée. «J’ai eu beaucoup de chance dans ma vie; à présent, je voudrais rendre quelque chose», disent souvent les gens qui s’engagent dans un projet social. Ils sont conscients de leur rôle au sein de la société, en tant que personnes privilégiées. Chaque action laisse des traces dans la société. Agir de manière responsable face à nos proches, nos voisins, au monde qui nous entoure et, d’une façon générale, à l’égard de la vie, par une prise de conscience active, le respect témoigné ou, tout simplement, le cadeau d’un franc sourire, laisse une empreinte positive.
«Un ‹investissement social› désigne le fait de soutenir des projets et des entreprises qui contribuent durablement au développement sociétal.»
Assumer ses responsabilités veut toutefois surtout dire de s’interroger sur nos propres actions et réflexions ainsi que sur leurs conséquences potentielles, afin d’en prendre conscience au moins dans une certaine mesure. La condition de base dans cette perspective consiste à savoir que l’humanité représente un «organe» de l’organisme global qu’est notre Terre, sans même parler de l’univers, un «organe» immuablement multiple, interférant et, surtout, interdépendant. Agir de manière responsable veut donc dire chérir et protéger la vie, en se référant au domaine d’influence immédiat de l’individu.
Un engagement social n’est par conséquent rien de moins que le fait de soutenir, de manière ciblée et axée sur l’avenir, la préservation de notre propre espace vital, laquelle peut naturellement prendre les formes les plus diverses. Un «investissement social » ou «investissement éthique» désigne le fait de soutenir des projets et des entreprises qui contribuent durablement au développement sociétal. Cette contribution peut s’effectuer tant de manière financière que sous la forme de services et se réfère à des valeurs et principes moraux et éthiques, comme le développement durable, l’équité, la solidarité, l’honnêteté, l’égalité des chances ou face aux ressources naturelles. Un investissement social est, en bref, un investissement dont les répercussions sociales sont positives et qui devrait produire un rendement par rapport aux investissements initiaux.

Un monde viable comme rendement
Si l’on considère le rendement dans un cadre plus large, il devient évident que les investissements sociaux dépassent très largement l’obtention d’un bénéfice pécuniaire. Les enfants et les petits-enfants qui grandiront dans un monde meilleur profitent à coup sûr du rendement d’un «investissement social». Le rendement est dans ce cas le redressement de la communauté mondiale ou, pour reprendre les termes de Walter Robert Corti, le fondateur du Village d’enfants Pestalozzi à Trogen: «Construisons un monde dans lequel les enfants peuvent vivre.» Parce que même si l’histoire ne nous fera aucune fleur, l’avenir réserve assurément un rendement.