Parce que les enfants sont des êtres humains particulièrement vulnérables
22.11.2018 - 11:15 | Christian PossaSoixante-cinq ans se sont écoulés entre les premiers mouvements en faveur des droits de l’enfant et l’adoption le 20 novembre 1989 de la Convention relative aux droits de l’enfant des Nations Unies. À l’exception des États-Unis, tous les états membres de l’ONU l’ont aujourd’hui ratifiée.

Cette Convention de l’ONU constitue une base importante pour que tous les enfants du monde bénéficient des mêmes droits. Les 54 articles au total s’appliquent universellement à tous les êtres humains de moins de 18 ans.
Quatre principes ont un caractère fondamental pour l’ensemble des droits énoncés: la non-discrimination, l’intérêt de l’enfant, le droit d’opinion et de participation ainsi que le droit à la vie, à la survie et au développement optimal.
Le triangle enfant-parents-état
L’application des droits de l’enfant s’effectue dans une interaction entre état, parents et enfants. Les parents ont le droit et l’obligation de protéger, de soutenir et de guider leurs enfants. L’état doit quant à lui créer les conditions nécessaires pour assister les parents dans leur rôle et intervenir si ceux-ci ne peuvent l’exercer.
Les pays signataires ont des obligations en matière de mise en oeuvre et doivent périodiquement rapporter les progrès au Comité des droits de l’enfant des Nations Unies. À titre complémentaire, des organisations non gouvernementales ont rédigé des rapports dits «alternatifs» qui soumettent ceux du gouvernement à un examen critique. En Suisse, c’est le Réseau suisse des droits de l’enfant qui analyse l’action de la Confédération. La Fondation Village d’enfants Pestalozzi fait partie des membres fondateurs et siège au comité depuis novembre 2003.

Éducation aux droits de l’enfant sur plusieurs niveaux
Les projets de la Fondation Village d’enfants Pestalozzi se réfèrent aux conventions relatives aux droits de l’enfant. Leur but est toujours d’offrir aux enfants l’accès à une éducation scolaire pertinente et conforme à leurs besoins. Dans cette perspective, la participation des enfants représente un aspect particulièrement important, parce qu’elle leur permet de se forger une opinion et de la formuler en vue d’exercer un rôle actif au sein de la
société.
Dans les douze pays d’intervention de la Fondation en Europe du Sud-Est, Afrique de l’Est, Asie du Sud-Est et Amérique centrale, les projets visent à intégrer l’éducation aux droits de l’enfant dans les programmes scolaires et à ancrer des activités extrascolaires. En dehors des écoles, la Fondation Village d’enfants Pestalozzi soutient des réseaux d’enfants et d’adolescents, des événements thématiques et la mise en place d’instruments tels que es services de médiation pour les enfants ou des conseils d’étudiants. Afi n de donner durablement davantage de poids au thème des droits de l’enfant, des enseignants, des directeurs d’école, des parents ainsi que les communautés locales sont aussi explicitement impliqués.
Dans le cadre des projets qui se déroulent au Village d’enfants à Trogen, l’éducation aux droits de l’enfant s’articule autour de trois piliers. Les enfants et les adolescents apprennent à connaître leurs droits, ils sont impliqués dans un processus pédagogique qui respecte les droits de l’enfant et ont également la possibilité de faire valoir leurs attentes. Qu’est-ce que cela signifi e concrètement? Des élèves d’écoles suisses participent, avec des adolescents venus de l’étranger, à des ateliers dédiés aux droits de l’enfant en élaborant eux-mêmes les règles de leur cohabitation. Les méthodes et approches pédagogiques placent toujours les besoins de l’enfant au centre. Elles encouragent la participation active et permettent d’expérimenter les droits de l’enfant. Au cours des ateliers, les enfants élaborent déjà des plans de mesures en vue de transmettre ensuite les acquis dans leur environnement personnel. Les projets radiophoniques sont symptomatiques de l’approche thématique centrée sur les droits de l’enfant: ils permettent aux enfants et adolescents d’exprimer leur opinion et de prendre la parole sur un sujet qui les préoccupe. Les enfants peuvent ainsi s’engager pour leurs droits de manière active et autodéterminée.
En tête du classement en 2018, on trouve la Norvège, l’Islande et le Portugal. Suivent du quatrième au dixième rang l’Espagne, la Suisse, la Hollande, la Finlande, l’Allemagne, la France et la Slovénie. Ce classement ne doit toutefois pas faire oublier que tous les pays ont encore des retards à combler. En ce qui concerne la Suisse, les recommandations portent par exemple sur une meilleure harmonisation des lois à la Convention de l’ONU. Le Réseau suisse des droits de l’enfant souhaiterait également la conception d’une stratégie politique nationale sur les droits de l’enfant ainsi qu’une amélioration urgente du système de collecte de données. L’année prochaine, la Convention relative aux droits de l’enfant existera depuis trente ans; si les choses ont avancé lentement mais sûrement, il reste néanmoins beaucoup à faire. La procédure de rapports est réactivée et la question qui se pose est de savoir comment la situation a évolué sur le plan des droits de l'enfant depuis 2015. En Suisse, la Fondation Village d’enfants Pestalozzi peut fournir des informations sur l’éducation aux droits de l’enfant. Dans ce contexte, elle permet aux enfants de faire entendre leur voix en contribuant à la rédaction du rapport.