Faire asseoir tout le monde autour d’une table

Portrait de la représentante de Tanzanie 21.06.2019 - 10:43 | Simon Roth

Manque d’infrastructures ou de matériel pédagogique adapté à l’univers des enfants: la Tanzanie est confrontée à une multitude de problèmes dans le domaine de l’éducation. Serapia Minja mise sur la collaboration avec différents partenaires pour offrir un meilleur avenir aux enfants – une méthode qui fonctionne.

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«La Tanzanie a plus que jamais besoin d’un saut qualitatif au niveau de l’éducation.» Serapia Minja, Représentante de Tanzanie.

La Tanzanie a plus que jamais besoin d’un saut qualitatif: dans ce pays comme ailleurs, les progrès technologiques modifient le monde du travail et requièrent des qualifications spécialisées. Les jeunes adultes qui ne sont pas préparés à de tels changements sont exclus du marché de l’emploi. «Les compétences acquises à l’école et celles exigées dans l’environnement professionnel ne sont plus en adéquation», constate Serapia Minja.

Économiste de formation, Serapia Minja est la Représentante de Tanzanie de la Fondation Village d’enfants Pestalozzi. Elle apporte une grande expérience du travail avec des organisations non gouvernementales. «J’ai envie de travailler avec les enfants, avec des communautés et d’autres groupes d’intérêt pour générer un changement», affirme la Tanzanienne.

Infrastructures déficientes

Les infrastructures déficientes constituent un défi de taille. La décision prise en 2002 dans ce pays d’Afrique de l’Est d’abolir les taxes d’écolage n’a pas eu que des effets positifs. Si depuis, le nombre d’enfants ayant accès à l’éducation a augmenté, les enseignants sont confrontés à des classes surchargées et au manque de locaux adéquats. Les classes de 80 à 100 élèves ne sont pas rares et la formation des institutrices et instituteurs tanzaniens ne les aide pas à y faire face. C’est ici que la Fondation Village d’enfants Pestalozzi intervient par le biais d’un projet de formation aux méthodes participatives. Sur la base d’exemples concrets et d’illustrations, les enseignants apprennent à stimuler la participation active de leurs élèves.

«J’ai envie de travailler avec les enfants, avec des communautés et d’autres groupes d’intérêt pour générer un changement.»

Lorsqu’ils en comprennent le contenu, les manuels scolaires manquent souvent de liens avec la vie concrète des enfants. Un autre projet porte de ce fait sur la production de manuels adaptés aux besoins des enfants et dans leur langue locale. Les contenus se réfèrent à la vie quotidienne des enfants et transmettent des compétences qu’ils peuvent appliquer dans leur contexte personnel. Adepte d’un travail en réseau, Minja Serapia collabore avec le gouvernement afin de distribuer les nouveaux manuels dans d’autres régions et d’élargir ainsi la portée du projet.

Des améliorations se dessinent

Grâce à des clubs de lecture et des bibliothèques, les enfants qui profitent du projet améliorent leurs capacités de lecture et d’écriture. Le projet a déjà enregistré ses premiers succès: «Grâce à la collaboration avec le gouvernement, des ONG et d’autres partenaires, les moyennes aux épreuves communes ont augmenté de 5 % entre 2017 et 2018», relève Serapia Minja. Le but de ces séries d’épreuves est de contrôler la qualité de l’enseignement à l’échelle nationale. Serapia Minja défend par ailleurs l’importance de projets portant sur les droits des enfants afin de les motiver davantage. Les châtiments corporels sont courants dans les écoles de Tanzanie et, selon elle, des conseils paritaires composés d’enseignants et d’élèves devraient élaborer des règlements de protection de l’enfance et vérifier leur application. En outre, notre Représentante vise également l’implication des parents dans le processus, parce qu’elle est persuadée que seule la participation active de tous les acteurs concernés permettra un changement durable.

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