Exil – partir, c’est souffrir

09.11.2017 - 14:09 | Michael Ulmann

«Ce n’est pas sans effets funestes qu’on devient étranger à son pays», avait écrit un jour l’écrivain russe Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski. Année après année, d’innombrables personnes sont contraintes de quitter leur pays et de mettre leur vie en péril dans leur quête d’un avenir meilleur. Elles doivent trouver asile dans leur région ou ailleurs dans le monde. La moitié environ de ces exilés sont des enfants. La Fondation Village d’enfants Pestalozzi a décidé de s’engager pour eux.

news_magazin_2017_fr

Jamais encore autant de personnes n’avaient dû emprunter la voie de l'exil: à la fin de l’année dernière, 65,6 millions de personnes vivaient en situation de déplacement forcé, dont environ deux tiers sont des déplacés internes  qui restent dans leur pays, mais ont dû quitter leur foyer. Le tiers restant est constitué par les réfugiés qui quittent leur pays d’origine.

Les raisons de l'exil

De nombreuses causes peuvent être à l’origine d’un exil. Les motifs les plus fréquents sont d’ordre politique ou religieux, l’appartenance à une catégorie sociale, un groupe ethnique ou une nationalité spécifique. Des personnes sont persécutées en raison de leur sexe, de la couleur de leur peau, de leur origine ou de leur orientation sexuelle. Le mariage forcé peut contraindre des femmes ou des jeunes filles à l’exil, alors que les jeunes hommes veulent échapper à l’enrôlement de force dans l’armée. Dans certaines régions, ce sont les catastrophes naturelles qui chassent la population.

Réfugiés – l’obligation de partir

Les réfugiés quittent leur pays parce que leur gouvernement ne peut ou ne veut plus assurer leur protection. Ils sont alors contraints à l'exil et ne peuvent retourner au pays sans s’exposer à des dangers. Plus de la moitié des réfugiés dans le monde sont originaires de trois pays: la Syrie, suivie par l’Afghanistan et le Soudan du Sud.

Poussés à la fois par la peur et l’espoir d’un avenir meilleur, des milliers de réfugiés risquent quotidiennement leur vie pour rejoindre l’Union européenne. Nombre d’entre eux choisissent la voie maritime la plus dangereuse, par la Méditerranée. La route principale mène en Italie et en Espagne, ou encore en Grèce en passant par la Turquie. D’autres empruntent la voie terrestre pour entrer dans l’UE, par la route de l’ouest des Balkans.

Comme il n’existe pour eux aucun moyen légal d’immigrer, les réfugiés n’ont généralement pas d’autre option que de faire appel à des passeurs. En plus de leur coûter très cher, le voyage les expose également à des risques élevés sur des bateaux bien souvent impropres à la navigation ou surchargés.

Le Village d’enfants Pestalozzi aide de jeunes requérants d’asile

La Fondation Village d’enfants Pestalozzi offre un deuxième foyer à de jeunes réfugiés à Trogen dans le canton d’Appenzell: depuis mai 2016, l’institution d’aide à l’enfance met deux maisons de son Village à la disposition d’une trentaine de mineurs non accompagnés. L’encadrement est assuré par l’association tipiti. Conformément à la législation suisse en matière d'asile, ce projet d’intégration est financé par le canton d’Appenzell Rhodes-Extérieures.

Personnes déplacées internes – l’exil dans son propre pays

La majeure partie des personnes contraintes à l’exil sont des déplacés internes, c’est-à-dire des personnes ayant trouvé refuge dans leur propre pays. L’on estime qu’en 2016, le phénomène du déplacement interne touchait environ 40 millions de personnes. Le motif le plus fréquent en est un conflit armé qui place la population entre deux fronts. D’autres fois, ce sont les membres de certains groupes ethniques, catégories religieuses, ou des (soi-disant) opposants politiques qui sont violemment chassés de chez eux. Les déplacés doivent souvent parcourir de très longues distances à pied, en n’ayant presque rien à boire et à manger. II n’est également pas rare qu’ils se fassent attaquer et dévaliser par des groupes armés.

Les jeunes ont besoin de perspectives.

La moitié environ des personnes en exil sont des enfants dont certains ont dû fuir les régions en crise sans leurs parents. Après la douleur de la séparation, ils se retrouvent seuls au monde, exposés aux rigueurs et aux dangers de l’exil. Lorsqu’ils restent dans leur propre pays, ils sont souvent recrutés comme soldats, exploités comme travailleurs forcés ou violés. Lorsqu’ils quittent le pays, ils sont obligés d’emprunter des voies dangereuses. Ils sont aussi régulièrement victimes de trafic des êtres humains.  Leurs droits tels que la protection contre la cruauté, l’exploitation et la persécution, mais également leur droit à l’éducation, sont bafoués.

Droit à l’éducation – la chance d’une vie autodéterminée

Les enfants et les adolescents réfugiés ont été arrachés du système éducatif – le droit à l’éducation leur est refusé. L’éducation est pourtant plus importante dans un camp de réfugiés que n’importe où ailleurs, parce qu’en plus de la chance d’une vie autodéterminée qu’elles leur donnent, les offres éducatives structurent aussi la journée des enfants et les éloignent pour un temps de la dureté du quotidien.

Au Myanmar/Birmanie, d’innombrables personnes tentent de quitter le pays ou rejoignent des camps de réfugiés internes en raison du conflit armé qui dure depuis des décennies. Sur place, la Fondation Village d’enfants s’engage par le biais d’offres de formation destinées aux enfants, en collaboration avec ses organisations partenaires. Dans un camp de réfugiés, les nouveaux arrivants bénéficient de cours de rattrapage pour combler les retards accumulés pendant leur exil. Par ailleurs, ces enfants sont traumatisés et reçoivent un accompagnement psychologique jusqu’à ce qu’ils soient en mesure de retourner à l’école publique.

Apprenez-en plus sur «Exil – partir, c’est souffrir» et retrouvez des autres nouveautés des projets internationaux et du village d’enfants.

Ci-dessous, le magazine est disponible pour télécharger.

Autres articles de Michael Ulmann