Loin de chez soi et quand même pas étranger
12.03.2018 - 13:59 | Michael UlmannVous arrivez en étranger et repartez en ami. Année après année, de nombreuses amitiés naissent au Village d’enfants Pestalozzi. L’origine, l’apparence ou la langue des participants des projets d’échange interculturels n’ont aucune importance. Michael Ulmann explique le déroulement d’un tel projet. Il a accompagné des jeunes venus de Serbie et de Pologne.

Il fait froid en ce jour de janvier. Des adolescents sont répartis sur tout le périmètre du Village d’enfants et les rires fusent de partout. Les 80 jeunes au total de Pologne et de Serbie, dont la plupart ne s’étaient jamais vus auparavant, sont les premiers participants des projets d’échange interculturel de la Fondation Village d’enfants Pestalozzi en 2018. A peine 24 heures après leur arrivée à Trogen, ils sont conviés à un premier exercice. En groupes mixtes, il s’agit de construire des «circuits de billes» en papier aussi spectaculaires que possible sur des arbres, des clôtures ou les murs des maisons. Comme on ne parle pas la même langue en Pologne et en Serbie, même si certains mots sont identiques, les jeunes communiquent en anglais.
Je, tu, nous
Au cours de leurs deux semaines de séjour au Village d’enfants, les adolescents font encore beaucoup d’autres exercices du même genre. Si, à première vue, ceux-ci semblent d’une grande banalité, la valeur d’expérience pédagogique est bien réelle: tous ces exercices stimulent la tolérance et le respect face à l’inconnu. Les activités pédagogiques se réfèrent au modèle dit du «JE-TU-NOUS». JE représente la réflexion autour de sa propre identité. TU symbolise la prise de contact avec autrui, la perception de l’autre et la confrontation aux stéréotypes, aux préjugés, à la diversité et aux différences culturelles. Quant au «NOUS», il représente la communication et la collaboration au sein du groupe, l’aptitude à résoudre des conflits sans violence et le vivre-ensemble pacifique. La plupart des exercices de groupe visent le travail d’équipe, la responsabilité et la communication interculturelle ou non violente. En plus de stimuler les compétences linguistiques des jeunes, ces exercices permettent également de développer leurs compétences personnelles, sociales et réflectives.
Inciter à la réflexion
Wiktoria, 13 ans, qui vit à Rzeszów dans le sud de la Pologne, était l’une des participantes de cette semaine d’échange interculturel. Elle se souvient surtout de l’exercice «Walking in different shoes» où les participants devaient se glisser dans différents rôles et s’imaginer la vie de la personne concernée. «J’interprétais le rôle de la fille d’un directeur de banque qui avait d’excellentes notes à l’école», explique Wiktoria. «Il y avait aussi un réfugié d’Afghanistan, un homme en fauteuil roulant et un jeune homosexuel. Lors de cet exercice, j’ai vraiment réfléchi pour la première fois aux préjugés et j’ai compris ce que cela veut dire que d’être victime d’exclusion.» Peu après, elle a changé d’avis à l’égard des Serbes. «Je pensais que les Serbes étaient attardés et ennuyeux. Après avoir rencontré beaucoup de jeunes Serbes de mon âge au Village d’enfants et noué des amitiés avec certains d’entre eux, j’en suis convaincue: ce n’est pas vrai.» Wiktoria constate encore que les jeunes Serbes avaient souvent les mêmes attentes et espoirs qu’elle.
Veljko venu de Niš, une grande ville serbe, partage ces remarques. Agé lui aussi de 13 ans, il a également pu dépasser un certain nombre de préjugés. Il se dit surtout impressionné par les exercices qui demandent aux participants de s’interroger sur leur propre identité. «Je n’avais encore jamais vraiment réfléchi à la question de savoir qui je suis réellement et ce que je veux. Je viens de le faire au Village d’enfants et c’était vraiment une belle expérience.» La remarque de Veljko montre que si l’on veut changer quelque chose, il est utile et même nécessaire de bien se connaître d’abord soi-même et ses propres valeurs.
Radio, Säntis & Cie
Au cours de leur séjour, Wiktoria, Veljko et d’autres adolescents ont eu l’occasion d’approfondir les acquis en produisant leurs propres émissions pour la radio «powerup» du Village d’enfants, ils ont partagé les loisirs au foyer, à la salle de sport ou lors d’excursions. Les jeunes ont par exemple patiné à Heiden, sont montés sur le Säntis et ont visité Lucerne. L’organisation des loisirs occupe en effet une grande place dans le concept du projet: les rencontres et discussions supplémentaires qui se déroulent dans ce cadre marqueront encore davantage la personnalité des jeunes.
Lors des semaines d’échange au Village d’enfants Pestalozzi, les enfants et les adolescents ne répètent pas le programme scolaire, mais sont incités à mieux connaître leur propre monde par l’expérience, en bénéficiant de l’accompagnement et de l’encadrement de pédagogues chevronnés. La réflexion autour des différences et des similitudes est toujours l’élément central. Une chose est sûre: les jeunes de Pologne et de Serbie sont retournés chez eux plus unis que divisés.
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