Le Village d’enfants hier et aujourd’hui
25.07.2016 - 08:58 | Christin EugsterLa Fondation Village d’enfants Pestalozzi fête cette année ses 70 ans d’existence. Anuti Corti, la veuve du fondateur du Village d’enfants Walter Robert Corti, a assisté à l’évolution de son œuvre jusqu’à ce jour. A 97 ans, elle accepte de passer les sept décennies d’existence du Village d’enfants en revue.

Fondation Village d’enfants Pestalozzi: Qu’est-ce qui avait incité votre époux, Walter Robert Corti, à lancer un appel à la construction d’un Village d’enfants dans le magazine alémanique «DU»?
Anuti Corti: Lors d’une randonnée en montagne alors qu’il n’avait que onze ans, Walter trouva une lettre émouvante dans l’uniforme d’un soldat tombé pendant la Première Guerre mondiale. La mère du défunt soldat s’inquiétait de son long silence. Walter n’a jamais oublié cet événement. Il voulait contribuer à un monde plus pacifique. Lorsque la Seconde Guerre mondiale prit fin, il décida de passer à l’acte.
Fondation Village d’enfants Pestalozzi: Vous souvenez-vous de la pose de la première pierre le 28 avril 1946?
Anuti Corti: C’était un dimanche de Landsgemeinde et l’animation était à son comble. La population locale et des classes d’écoles ont assisté à la cérémonie. Du haut de la montagne, la petite Urseli Lutz a crié: «Vous, les garçons et les filles, qui n’avez plus ni père ni mère, vous pouvez venir chez nous, la salle est prête.» Lorsque la boîte des documents fut scellée dans le mur, le petit Chläusli interrompit la cérémonie pour demander: «Maman, j’peux aussi aider?» Bien sûr, qu’il pouvait!
Fondation Village d’enfants Pestalozzi: Qu’avez-vous ressenti lorsque le Village d’enfants est devenu réalité?
Anuti Corti: J’étais encore très jeune et je venais de traverser deux ans de préparation très intenses. Notre deux-pièces était devenu un boulevard international. Walter avait mobilisé beaucoup d’amis et de connaissances du monde entier. Au moment de la réalisation du Village d’enfants, nous étions tous très tendus et plus qu’heureux.
Fondation Village d’enfants Pestalozzi: De nombreux bénévoles ont contribué à sa réalisation. Quelle était la motivation de tous ces gens?
Anuti Corti: Les journaux ne parlaient plus que des horreurs de la guerre, si bien que la volonté d’aider était considérable. Même les petits vendaient des trèfles avec des coccinelles, le symbole du Village d’enfants à l’époque. Grâce à sa volonté, à son rayonnement et à son énergie, mon mari a su convaincre les gens de le suivre dans son projet. Il avait bien sûr besoin de soutien. Avec certains bénévoles, nous sommes restés amis pendant des années.
Fondation Village d’enfants Pestalozzi: Si vous regardez en arrière, quels moments furent les plus marquants?
Anuti Corti: Toute ma vie a été bien particulière! Nous avons vécu au Village d’enfants pendant huit mois. Des orphelins de guerre dont les pères s’étaient combattus ont appris à vivre ensemble pacifiquement. Les chants et les costumes folkloriques transformaient le Village d’enfants en un véritable pays des merveilles.
Fondation Village d’enfants Pestalozzi: Aujourd’hui, il a bien changé. Comment ressentez-vous cette évolution?
Anuti Corti: Au coeur d’une Europe dévastée par les bombes, le Village d’enfants était un germe de paix. Plus tard, il y eut une petite baisse, parce qu’on n’accueillait plus d’enfants. Le village, dans son unicité, menaçait de disparaître. Ces dix à vingt dernières années, j’ai observé les agissements de la direction qui a compris que le Village d’enfants Pestalozzi de Walter Robert Corti est une œuvre de paix. Walter serait très satisfait de l’évolution actuelle de la Fondation.
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